Les Baux-de-Provence

En arrivant par les routes de Mouriès ou de Fontvieille, la découverte des Baux éveille des sensations qui déclenchent des réminiscences profondes : rochers conçus pour la défense, château fort, féodalité. Ce promontoire des Alpilles a pour complément des lambeaux de terres fertiles enchâssées entre les roches tourmentées et abruptes. De ces terres jaillissent des sources que les gorges ont canalisé depuis les plateaux désertiques.

Le val d’Enfer récolte les averses, il débouche sur le vallon de la Fontaine qui emmagasine les nappes. Dans la profondeur des terres, les puits conservent l’eau fraîche. Grâce à ceci et à cela, l’homme, dès l’origine la plus reculée, occupa le site pour y imprimer sa trace : naguère la vie, puis l’action de l’histoire et enfin celle de la décadence qui plonge dans le sommeil les cités abandonnées.

Aujourd’hui, ce patrimoine hérité de la création divine et du labeur des hommes est livrée à la contemplation : apanage de notre époque qui, sans doute effrayée par sa propre insensibilité, recherche avidement les lieux où les passions de nos ancêtres se sont exprimées dans la pierre, ont provoqué ces arrachements pathétiques au sein des falaises, ont sculpté, creusé les carrières pour y habiter, soutiré les blocs pour les tailler et les superposer. Ils ont bâti, démoli, reconstruit sans fin la cité désormais sereine.

L’ensemble du site se développe sur quinze cents hectares de roches pathétiques d’une élévation moyenne de deux cent quarante mètres, au milieu desquelles s’enfonce, en direction nord-est, le val d’Enfer, vallée profonde dominée par des escarpements, blessure déchiquetée où repose une terre fertile de mille mètres de longueur et de deux cents mètres de large à peine, la vallon de la Fontaine. Ce vallon, véritable jardin des Baux, fut la principale raison qui incita les premiers habitants à fonder une cité. Ils pouvaient s’y défendre et, grâce à la vallée, s’y nourrir.

Le rocher des Baux proprement dit a la topographie d’un promontoire de six cents mètres de long et de deux cents mètres de large dont le grand axe est parallèle au val d’Enfer. Fortification naturelle et seconde pince de la tenaille qui resserre le vallon, c’était là que devait s’installer l’histoire durant plus de deux millénaires.

Texte extrait de Les Baux de Provence de Fernand Pouillon, édité par F. de Nobele, Paris, 1974.

Le Val d’Enfer (photo Hélène Jeanbrau)

Jou a découvert Les Baux avec Albert Marquet en 1916. Il a été immédiatement séduit par la grandeur et l’austérité du paysage. Il s’est alors promis d’y revenir et d’y vivre un jour. Il y a acquis successivement plusieurs maisons jusqu’à l’achat de l’Hôtel de Brion, belle demeure Renaissance classée Monument historique, mais dans un état pitoyable, qu’il a magnifiquement restaurée et dans laquelle il va venir vivre en 1940. À partir de 1943, il décide d’installer son atelier définitivement aux Baux qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1968.

La Fondation Louis Jou
Grand rue Fréderic Mistral
13520 Les Baux-de-Provence
Tel. : 04 90 54 34 17
mail : fondation.jou@gmail.com