Premiers pas vers Louis Jou
Qui prétend la nécessité d’être initié avant de pousser une porte inconnue se ferme à la plus belle expérience de la vie : la découverte et l’émerveillement.
Ma rencontre avec La Fondation Louis Jou est avant tout une rencontre inespérée et inattendue.
Inespérée car j’ignorais tout de l’homme jusqu’à son existence, ainsi que du lieu.
Inattendue car, à parcourir les ruelles des Baux de Provence un jeudi soir d’été à fuir l’agitation estivale, je fus happée par une pièce vide éclairée, atelier d’artistes ou d’artisans, d’où émanait une vibration qui me figea dans une béatitude géographique et intemporelle. Je percevais l’énergie créative du lieu, et n’avais qu’une envie en tête : être dedans, être là-bas.
Recouvrant mes esprits, je glanais quelques informations lisibles de l’extérieur dont le nom « Fondation Louis Jou », puis je me promettais d’apporter rapidement de plus amples renseignements. Ma réflexion agita ma nuit ; le net teinta l’obscurité. Je décidais de revenir sur les lieux dans l’après-midi afin de trouver le moyen d’aller plus avant dans la rencontre.
14 h, devant la porte close de la fondation, j’hésitais un instant. Oser ou ne pas oser that was the question. Je mettais mon sort entre une poignée de main avec la porte. Déverrouillée, la porte s’ouvrit. J’en conclus que le lieu était libre d’accès. Ah ! La force de l’interprétation ! Et elle fut heureuse pour moi. Je pénétrais avec respect et lançais un « bonjour » discret qui ne trouvait pas écho. Normal, c’était l’heure où les bouches s’employaient à une activité plus consistante. Je décidais de signaler ma présence en flânant dans l’atelier des presses et y découvris la vibration du vivant. Livres, gravures, peintures, outils et meubles, tous figés, tous vibraient, tous vivaient. Les livres qui s’épanouissent comme des fleurs, les gravures qui canalisent les veines de l’auteur, les peintures qui rappellent chez qui nous sommes, les meubles qui accueillent, les outils qui invitent au contact …
Je commençais à converger vers Louis Jou à travers son univers. Et j’ignorais encore combien il était l’homme à tout faire dans son entreprise. Respect !
Discrètement, une présence m’observait, étonnée, intriguée par ma déambulation lente et minutieuse. JL se tenait face à moi, silencieux. En décidant de rompre le silence, je commençais mon aventure grâce à une combinaison de circonstances positives et la bienveillance des hôtes.
Éminemment connu pour ses gravures sur bois, ses typographies, ses livres, Louis Jou était étranger à ma connaissance. Était-ce une raison de me priver de la rencontre avec ce lieu, cet homme, cet artiste et artisan, parce que je fus seulement poussée par un élan du cœur ? Ma réponse est bien évidemment non ! La vie prend des chemins parfois surprenants pour nous permettre d’aller de l’avant. Mais en attendant, grâce à cette spontanéité d’être qui n’a fait que conforter mon sentiment de départ, je me suis permis de vivre quelque chose d’inédit et tant que le cœur va, tout va.
Avec mes remerciements tournés vers le lieu, L’empreinte de Louis Jou, les membres de la fondation et ceux qui y participent indirectement, à tout cet ensemble qui, combiné, permet encore de vivre et faire vivre le merveilleux, l’inattendu, l’inespéré.
Sandra Savajano
- Entrée de l’atelier de Louis Jou.