Nouvelle édition de l’Art du Livre
En 2018, dans le cadre de la célébration nationale de la mort d’André Suarès, la Fondation Louis Jou a décidé de rééditer L’Art du Livre conçu, mis en page, composé et imprimé en 1928 par Louis Jou, l’indéfectible ami de Suarès. Le tirage limité à 37 exemplaires est rapidement devenu introuvable.
En 1992, la Fondation a réalisé un facsimilé en typographie au plomb mobile composé avec les fontes de Louis Jou ; tirée à 65 exemplaires, cette édition l’est devenue presque autant.
Pour cette nouvelle édition, plutôt que de produire un autre facsimile, elle a décidé, pour souligner la pensée de Suarès et le travail de Jou, parfait exemple de l’art du livre à cette époque, d’utiliser les fontes exclusives de Jou, numérisées par les soins de Thierry Gouttenègre sous la direction de Ladislas Mandel. Pour la première fois cette police numérique de caractères exclusifs a été utilisée pour l’édition d’un ouvrage de bibliophilie.
La Fondation a demandé à Julien Gineste, typographe expérimenté et exigeant, lui-même créateur de fontes, éditeur et auteur de nombreux articles érudits sur la typographie, de bien vouloir se charger de ce travail de mise en forme, qui sera réalisé sur le papier vélin, filigrané à la marque de Jou, conservé par la Fondation.
Tout en respectant les orientations de Suarès, Julien Gineste a choisi un format en accord avec celui du papier. La spirale d’or qui ouvre l’ouvrage est un rappel de cette conception des règles esthétiques du beau livre, tel qu’on le concevait entre les deux guerres, dans ce respect des chefs d’œuvre de la Renaissance.
Les quatre pages réservées aux illustrations ont été voulues graphiques, comme typographiques, puisées dans la production d’une richesse inouïe de Louis Jou. Elles nous sont apparues comme le support, l’écho de la pensée que Suarès développe dans ce livre.
Le choix du procédé d’impression typographique à partir de clichés magnésium confirme le désir de s’inscrire dans une filiation du livre de qualité et reste parfaitement adapté à l’aspect un peu rude du grain de ce papier.
Les reliures d’attente, réalisées par Vanessa Krolikowski, relieur, donnent à chaque exemplaire une finition élégante et unique, chaque couverture ayant été puisée dans les défets imprimés par Jou lui même.
La Fondation entend avec cette réalisation poursuivre son travail de reconnaissance de l’œuvre de Louis Jou.